Premièrement, ce texte ne représente pas les idées du CSRQ (consortium de sécurité en rivière du Québec). C’est un exercice écrit à titre personnel.
Cette ressource ne remplace pas une formation de sauvetage en eau vive décernée par un fournisseur de formation reconnue.
Mon objectif ici est de faire un assemblage d’informations provenant de plusieurs sources et d’essayer de reformuler ça en principes de base simple que je pourrais expliquer à un enfant.
Table des matières :
Système d’avantage mécanique (SAM) : C’est quoi ?
Idées générales sur les SAM
La règle du 4-3-2-1-1
Équipements
Sécurité
Les différents SAM
Nœuds
Ancrages
Sauvetage vertical vs sauvetage horizontal
Combien de poids je vais devoir tirer pour extraire mon bateau ?
La règle du 12
La méthode de comptage en T (T-count)
Ligne de retournement
Méthode Taco
Diagonale en tension (zip-line)
La séquence de tir
Conclusion perso
Sources
Système d’avantage mécanique (SAM) : c’est quoi ?
Un système d’avantage mécanique (SAM) est un jeu de corde pour extraire un bateau coincé dans la rivière ou pour aider des personnes et des équipements à traverser la rivière.
Autrement dit, il s’agit d’utiliser du matériel comme des cordes et des poulies pour amplifier la force sur une charge ou pour tendre une corde entre deux ancrages.
Mettre en place un SAM prend du temps, il est donc est rarement utilisé/faisable lorsque la situation est urgente.
La meilleure façon d’apprendre à faire des SAM est de pratiquer, en personne (lors d’une formation), sur la terre ferme et ensuite lors de scénarios, en rivière.
Idées générales sur les SAM
Garde ça simple. SRS : Sécurité. Rapidité. Simplicité
Préparation : Le meilleur sauvetage est celui qu’on n’a pas besoin de faire. Ton cerveau, ce que tu as appris et ce que tu as pratiqué, est ton atout le plus précieux.
Attitude : Nous sommes tous là pour avoir du plaisir, développer des compétences et nous sentir accomplis. L’objectif est toujours de revenir à la maison en santé.
Risques : Les risques sont toujours présents en eau vive. L’idée est d’anticiper, se préparer, discuter de sa tolérance aux risques et avoir un plan.
Force de la rivière : Lors d’une situation, utilise la force de la rivière à ton avantage. Travailler avec le courant, et non contre le courant.
Évaluer la scène : Est-ce que la scène est sécuritaire ? Courant, rapides, obstacles, accessibilité, etc. Aller lentement pour aller vite !
Leader : Le leader garde une vue d’ensemble sur la situation et évalue le risque. Il déploie un/des surveillant (s) en amont (pour d’éventuels débris ou pour informer les autres pagayeurs de la situation en cours) et en aval (pour aider une victime qui aurait « décrocher » durant l’opération, idéalement avec une embarcation).
Plan : Définir les rôles, communication (les signes à utiliser). Normalement lorsque nous sommes rendus à faire un SAM, le temps n’est plus un élément important (pas de presse pour récupérer du matériel). Garder une approche flexible. Avoir un plan B, C, etc. Parfois, plusieurs stratégies doivent être expérimentées avant de trouver la solution. Identifier les points faibles.
Construction : Idéalement, toujours avoir une double vérification après la construction de son SAM (ancrage solide ? Scène et sauveteurs sécurisés ? Prendre son temps et être efficace. La simplicité prône ; plus le système est complexe, plus il y a d’éléments qui peuvent briser.
Poulies : Il ne faut pas confondre la poulie à avantage mécanique avec la poulie directionnelle, qui n’offre aucun avantage mécanique. Une règle simple et rapide pour distinguer les deux est la suivante : si la poulie bouge, elle procure un avantage mécanique ; si elle ne bouge pas, elle est directionnelle.
Résistance : On devrait s’en tenir à moins de 50 % de la résistance à la rupture de l’élément la plus faible dans notre SAM. Approcher les limites de force théorique, ça peut endommager les équipements et blesser les sauveteurs.
La règle du 4-3-2-1-1

Un concept pour se souvenir de l’équipement nécessaire pour construire un SAM de base. Chaque pagayeur devrait avoir au moins le 4-3-2-1-1 (équipement minimum pour construire un SAM 3 : 1).
4 mousquetons
3 poulies
2 prussiks
1 sangle
1 corde (sac à corde)
Contrairement aux spécialistes du sauvetage, les pagayeurs doivent avoir une approche plus minimaliste, car trop d’équipement peut nuire en ajoutant du poids inutile dans l’embarcation.
Une vidéo intéressante sur le sujet : https://www.youtube.com/watch?v=AxUGdW-PSuY&t=1s
Équipements
Comme on vient de le voir, l’équipement de base pour faire un système d’avantage mécanique est :
Mousqueton
Poulie
Prussik
Sangle
Corde
Mousqueton
Mousquetons à verrouillage : En eau vive, la sécurité est critique et un mousqueton représente un danger sur la rivière, car il peut connecter ensemble des éléments qui ne doivent pas être connectés (exemple : toi et ton kayak). C’est la raison pour quoi nous devrions utiliser seulement des mousquetons à verrouillage (avec un mécanisme de sécurité intégré qui empêche l’ouverture accidentelle du mousqueton). Les mousquetons sans verrouillage (mousqueton à ouverture classique/à resort) ne devraient pas exister dans l’univers de l’eau vive. Je vous encourage éliminer tous vos mousquetons sans verrouillage de vos équipements d’eau vive.
Mousquetons à verrouillage automatique : Personnellement, je préfère et recommande les mousquetons à verrouillage automatique (double ou triple action) parce que tu ne peux pas oublier de les verrouiller (j’observe très fréquemment des mousquetons à vis non verrouillés). Le seul point négatif est que la manipulation peut exiger un peu de pratique alors prêter des mousquetons à verrouillage automatique à des non-initiés, cela pourrait poser problème où le temps serait un enjeu.
Mousqueton poire : Personnellement, j’utilise et recommande toujours au minimum un mousqueton poire pour pouvoir passer par-dessus un nœud sur une zip-line où deux cordes sont attachés ensemble.

Mon choix : Personnellement mon choix préféré : NRS Sliq Triple Lock Carabiner
Peu importe le type de mousqueton, il va être difficile à opérer avec les mains froides
Vidéo intéressante sur le sujet : « Let’s Talk about Carabiners » https://www.youtube.com/watch?v=hKffzn-MNf8&t=2s
Poulies
Friction : Les poulies sont optionnelles, mais toujours préférables aux mousquetons puisqu’elles permettent de réduire la friction et augmenter l’efficacité du système.
Poulies pare-prusik : Les poulies pare-prusik existent, mais elles ont tendance à ne pas bien fonctionner avec nos cordes de sac à corde de petit diamètre. C’est pourquoi il faut privilégier les poulies avec une petite ouverture (corde 11 mm max) et éviter les cordes de petit diamètre.
Grosseur : Dans la plupart des cas, une poulie de 1 '' (25 mm) est suffisante. Dans certaines situations avec des charges considérables en jeu, une poulie de 2 '' (50 mm) pourrait être nécessaire.
Plaque latérale fixe versus oscillante : Une poulie avec des plaques oscillantes permet d’être ajoutée à la corde à partir de n’importe où alors qu’avec une poulie à plaque latérale fixe, on doit l’enfiler à partir de l’une des extrémités de la corde.
Type de poulie : Ceux pour un usage industriel sont trop lourdes et ceux pour la voile ne sont pas conçus pour les situations de sauvetage. Les meilleurs sont ceux conçus pour le canyoning et la montagne, en aluminium.
Roulement à billes scellé versus roulement à billes non scellé :
L’eau ne peut pas pénétrer dans un roulement à billes scellé (et éventuellement créer de la corrosion).
L’efficacité est grandement optimisée avec un roulement à billes scellé.
Mon choix : Personnellement mon choix préféré : Petzl Mini Prussik. Pour sa disponibilité (MEC), son poids/volume (1 ''), roulement à billes scellé, ouverture réduite (11 mm max) qui aide à réduire le coincement du prussik frein.
Voici un résumé de la vidéo « High Quality Pulleys » ou plusieurs poulies ont été testées pour leur efficacité : https://www.youtube.com/watch?v=sBxvEemOUxM
Modèle | Grosseur | Le ratio (plus on se rapproche du 3 : 1, la poulie est efficace). | Grosseur de corde max | Roulement à billes scellé ? | Poids | Résistance |
Rock Exotica Mini Machined | 1.1 “ | 2.54: 1 | 11 mm | Oui | 83 gr | 30 Kn |
Petzl Pare-Prusik Mini (testé avec 1 poulie sur 2) | 1 “ | 2.52 : 1 | 11 mm | Oui | 80 gr | 23 KN |
SMC CRX (testé avec 1 poulie sur 2) | 1″ | 2.34: 1 | 13 mm | Non | 52 gr | 22 Kn |
Rock Exotica Machined | 1.5″ | 2.58: 1 | 13 mm | Oui | 144 gr | 36 Kn |
SMC Swifwater | 2” | 2.5 : 1 | 13 mm | oui | 170 gr | 34 kn |
Rock Exotica PMP 2.0 (testé avec 1 poulie sur 2) | 2″ | 2.66: 1 | 13 mm | Oui | 280 gr | 44 Kn |
Petzl rollclip TRIACT-LOCK (testé avec 1 poulie sur 2) | (mousqueton qui intègre une poulie) | 2.33: 1 | 13 mm | Oui | 115 gr | 20 Kn |
Prusik

Léger, peu dispendieux et versatile.
Le diamètre de la cordelette du prusik devrait être 2/3 du diamètre de ta corde (sac à corde) maximum. Par exemple, pour une corde de 9 mm, la cordelette devrait être de 6 mm.
Longueur : Généralement on utilise des cordelettes de 4 à 6 pieds/1,2 à 1,8 mètre (s’il n’est pas cousu). Personnellement, le plus court, le mieux (insérer blague ici).
Nœud : Utiliser le double pêcheur ou un 8 filé pour nouer les cordelettes (s’il n’est pas cousu).
CSRQ (consortium de sécurité en rivière du Québec) : le CSRQ recommande des cordelettes de 2 mètres avec 6 mm de diamètre.
Prusik moderne : Depuis longtemps, on utilise des prusiks cousus en escalade, mais il semblerait que le monde de l’eau vive ait du retard. J’ai n’ai jamais compris pourquoi on continu de pousser les cordelettes dans lequel il faut faire un nœud pour le sauvetage en eau vive. Ça prend du temps, c’est encombrant, c’est plus compliqué et surtout, c’est moins résistant (minimum 30 % moins résistant). La seule réponse que j’ai eue c’est que ça coûte plus cher et que les pagayeurs sont pas prêts à payer pour ça… avec un kit à 2000 $ sur le dos… des prusiks à 25 $… bref.
Versatilité : on peut aussi attacher un prusik sur une pagaie et s’en servir comme outil pour surélever une corde au-dessus de la rivière ou pour couler une corde en dessous de l’eau pour des techniques de dégagement par le fond.
Autres considérations
Plus le diamètre de la cordelette est petit, plus elle agrippe, mais moins elle est résistante.
Le minimum est de 5 mm, car une cordelette de 4 mm peut couper la corde. Si tu ne peux pas respecter la règle du 2/3, car le diamètre de ta corde est trop petit, tu peux faire plus de tours en nouant ton prussik pour augmenter la friction.
Les prusiks sont généralement le point faible dans les SAM, suivis des ancrages sur les embarcations alors il vaut la peine d’investir pour de bons prussiks.
Garder les cordelettes de prusik sans nœud pour ne pas affaiblir la cordelette prématurément.
Normalement les prusiks vont commencer à glisser (autour de 5-6 kN) avant de casser alors c’est un indice à surveiller lorsqu’on tire sur une corde. Un prusik qui glisse ce n’est pas grave et tu peux continuer à mettre plus de tension dessus, mais la friction va faire fondre ta corde (donc, détruire ta corde).
Les dispositifs de blocage mécanique (Tibloc ou Nano traxion) ne sont pas adaptés au type de corde que l’on utilise en rivière (gaine flottante en polypropylène). Il risquerait d’endommager votre corde rapidement.
Vidéo intéressante sur le sujet : « Prusiks with Mark » https://www.youtube.com/watch?v=4GaZgJ-RLXA
Personnellement mon choix préféré : Sterling HollowBlock2 6,8 mm
Sterling Hollow Block2 | Sterling Auto Block | Cordelette standard : corde statique en nylon de Mammut | |
Diamètre | 6,8 mm | 6 mm | 6 mm |
Longueur | 13,5 « ou 19 » | 13,5 “ | |
Résistance | 14 kn (3147 lb) | 12.5 Kn (2810 lb) | 7.49 Kn (1686 lb) |
Note | Sa construction unique permet d’agripper sur des cordes de 7 mm et + | Si on enlève 30 % (minimum) de résistance à cause du nœud pêcheur double, la résistance va être plutôt autour de 5,24 kN (1177 lb). En considèrent qu’un prusik commence a glisser autour de 5-6 kN on est OK, mais on joue sur les limites et on ne respecte pas la règle du 50 % de marge. |
Sangle (Flip line, Guide sling)
Versatile : il s’agit d’un outil polyvalent utilisé pour créer des ancrages solides, pour aider à retourner une embarcation, mini corde à lancer, ancrage rapide pour ton bateau, etc. C’est pourquoi j’en porte toujours une dans mon VFI.
Nœud : On utilise généralement le nœud de sangle pour nouer les sangles.
CSRQ : Le CSRQ recommande une sangle tubulaire de 5 m de long et 1” (25 mm) de large, en nylon.
Sangle moderne (Rabbit runner, le futur !) : Consiste en une sangle en UHMWPE (nom commercial comme dynema ou spectra) doté d’une boucle cousue de chaque côté suffisamment grand pour un mousqueton, populaire dans le monde de l’escalade et de la voile.
Une alternative compacte et légère aux sangles tubulaires en nylon
N’absorbe pas l’eau
Flotte
Moins de friction (donc si tu fais un SAM simple sans poulie, elle va glisser beaucoup mieux qu’une sangle en nylon)
Durabilité supérieure
10 -14 mm (versus 25 mm sangle en nylon old school)
Résistance élevée (supérieure à l’acier, résistant aux UV)
Faible élasticité
Pas besoin de faire de nœud (donc, garde 100 % de sa résistance)
Point négatif : sensibles aux coupures et faible point de fusion (vulnérables à des températures élevées).
Ce n’est pas pour rien que des entreprises à l’avant-garde comme Palm offrent maintenant ce type de sangle.
Vidéo intéressante sur le sujet : Modern Flip Lines and the Clean Line Principle https://www.youtube.com/watch?v=Qz_ZcNbuUH4&t=60s
Personnellement moi choix préféré : Titan anchor slings/rabbit runners 13 mm
Titan anchor slings/rabbit runners 13 mm | Palm Cobra sling 10 mm (conçu pour l’eau vive) | River hardware 14 mm (conçu pour l’eau vive) | |
Longueur | 12 pieds | 4 m (13,12 pieds) | 12 pieds |
Résistance | 3500 lb (15.56 Kn). | 10 kn | |
Poids | 67 gr | ||
Matériel | Dynema | UHMWPE | UHMWPE |
Corde
On pourrait en parler pendant des jours, alors ça fera partie d’un prochain billet. En entendant, voici quelques points clés :
Le cœur : La corde, c’est le cœur de ton SAM.
Élasticité : Les cordes de sac à corde sont en général peu élastiques (contrairement à une corde d’escalade conçue pour amortir une chute).
Flottabilité : Les cordes de sac à corde doivent flotter (gaine extérieure en polypropylène).
Points négatifs : C’est un matériel qui a certains désavantages comme le fait d’être moins solide que d’autres types de corde (escalade) et un point de fusion bas (fond facilement avec de la friction) et s’use plus facilement.
Matériaux : Les cordes à âme en Kevlar ou en Spectra sont beaucoup plus résistantes, mais présentent toujours l’inconvénient d’avoir une gaine en polypropylène avec son point de fusion bas.
CSRQ : Le CSRQ recommande un sac à corde de 15 m minimum, diamètre de 8 mm avec 2500 livres de résistance pour une formation TR1 et un sac à corde de 20 m minimum, diamètre de 9,5 mm pour une formation TR2.
Personnellement, j’utilise un sac à corde de 18 m, diamètre de 8 mm avec 3000 lb de résistance (WWTC Rescue Rope CLASSIC).

Sécurité
Un SAM sans mesure de sécurité peut mettre le/les sauveteur(s) en danger.
Récupérer du matériel est la dernière priorité et ne devrait jamais mettre les sauveteurs en danger inutilement.
Les dangers
Le risque de coincement (enchevêtrement) causé par une corde lousse dans la rivière.
Une SAM a le potentiel de générer plusieurs milliers de livres de pression. Un SAM qui casse peut vouloir dire des pièces de métal qui volent comme des balles de fusil dans les airs avec beaucoup de force (j’aime aussi l’analogie d'un tire roche très puissant).
C’est pour ces raisons qu’il est important de respecter les différents principes de sécurité expliquer dans ce texte :
Redirection
Amortisseur
Système de libération rapide
Ancrage multiple
Angle de stress
Direction de tir
ETC.
Autres considérations
Toujours tirer en amont du SAM. Comme ça si le système se brise et se fait emporter par la rivière, tu as moins de chance de te faire emporter dans l’eau par la corde.
Si un ajustement du prussik est inévitable (glisser le prusik vers le haut pour ne pas qu’il coince dans la poulie), toujours rester dos au système au cas où il brise.
Ne jamais s’attacher ou faire des tours morts avec la corde sur soi.
Toujours avoir un couteau de prêt.
Chaque personne dans la zone chaude (10 pieds de la rivière) doit porter ses EPI (VFI, casque, couteau, chaussure fermée pour éviter les blessures aux pieds, etc.).
Vérifier que personne ne se met en danger.
Les différents SAM
Avant de tirer sur un bateau avec une corde, as-tu essayé de :
Faire un levier.
Changer la forme du bateau (ex. dégonfler un côté du bateau).
Essayer de bouger le bateau de haut en bas.
Si rien de cela ne fonctionne, on peut alors commencer à jouer avec des cordes.
La solution la plus simple pour tirer sur une corde avec plus de force est de tirer avec plus de tireurs. La deuxième option la plus simple est de faire un vecteur. Si cela ne fonctionne toujours pas, on peut alors essayer un SAM plus complexe.
L’angle de tire optimal (en général, car chaque situation est différente) : environ 45 degrés en amont (vers le haut de la rivière).
Les systèmes ayant un rapport supérieur à 12:1 commencent à montrer des rendements décroissants en raison de la friction et de leur complexité accrue.
Les différents éléments dans un SAM:
Frein/capteur de progression. https://www.youtube.com/watch?v=w9C20rytfVQ&t=23s
Un SAM nécessite un frein pour éviter de jouer au tir à la corde avec la rivière. Le progrès réalisé grâce au SAM doit être capturé avant que le courant ne repousse le bateau à sa position initiale. Le prusik est généralement l’outil utilisé pour le frein.
Lorsqu’on ajuste le frein, s’assurer de ne pas avoir de vêtements lousses, cheveux, doigt qui pourraient entrer dans la poulie.

Redirection
Faire une redirection pour s’éloigner de la zone d’impact. Une redirection (poulie ou mousqueton) diminue l’efficacité du système, mais augmente la sécurité. Redirection = nouveau standard. Changer la direction de tire de 90 degrés pour garder les sauveteurs hors de la ligne de feu si le SAM brise.

Amortisseur
Mettre un poids (amortisseur) sur le système pour qu’il vole moins loin en cas de bris. Idéalement un VFI, mais aussi bouteille d’eau, sac à corde… Accrocher directement sur un prusik, le plus près possible de la zone la plus faible du SAM. Choisir un objet flottant si au-dessus de l’eau est l’idéale pour ne pas créer un risque de coincement supplémentaire. Attention, un amortisseur ne remplace pas une redirection.
Système de libération rapide
Un SAM peut créer plusieurs milliers de livres de pression et il est pratique commune d’aller tenir le frein manuellement, pendant que d’autres sauveteurs mettent le système en tension, pour désengager le frein/réinitialiser le système.
Faire un système de libération rapide sur l’ancrage évite de se mettre dans la zone la plus à risque en permettant de relâcher la tension sur le système sans avoir besoin d’aller manipuler manuellement le frein.

1:1 (aka le jeu du tir à la corde ou la méthode des dix garçons Scout)
Attacher la corde à un ancrage (ex. : D-ring), et tirer à la force de ses bras.
Jouer avec les directions dans lesquelles on tire et essayer différents ancrages sur le bateau.
Ne fournit aucun avantage mécanique.
1:1 avec vecteur
Tendre une corde entre deux ancrages (typiquement la rive et une embarcation). Connecter et tirer sur une deuxième corde au centre de la première corde, idéalement avec un angle de 90 degrés par rapport à celle-ci. Cela va créer une force équivalent à un SAM 3 : 1.
Une solution simple et élégante à essayer avant de faire un autre système plus complexe.
Connecter avec un mousqueton ou un prussik.
Essayer différents angles.
Plus la première corde est tendue, plus efficace sera le système.
Plus on tire avec de l’angle (par rapport au 90 degrés initial), plus on perd en efficacité. L’avantage se perd complètement à partir de 45 degrés et +.
Une vidéo intéressante sur le vecteur : https://www.youtube.com/watch?v=NIhSVxrQDyQ&t=18s

2:1


2:1 (Pig-rig)
Les systèmes Pig-rig sont des versions modifiées des SAM. Il s'agit d'un SAM se rapportant sur une ligne principale. Idéaux lorsque la distance entre la rive et l'embarcation est plus grande et où le système devra être réinitialisé plusieurs fois. Cependant les systèmes Pig-Rig nécessitent plus d'équipement (minimum 2 cordes).

3:1 (Z-drag, Z-rig)
Le SAM le plus populaire, qui va pouvoir te sortir de la plupart des situations.
C’est le système avec lequel les pagayeurs sont le plus familiers.

4:1

4:1 (Pig-rig)
25 % plus efficace que le 3:1
À privilégier lorsque l’embarcation est loin de la rive
Vidéo interessante sur le sujet : https://www.youtube.com/watch?v=S1tR1FHIPrE

5:1

6:1


9:1 composé
Attention, avec autant de force, tu peux littéralement déchirer ton bateau en 2.


Avantage théorique versus réel
L’avantage mécanique est théorique. Chaque poulie réduit l’avantage mécanique d’environ 10 %. En théorie, dans un système 3 : 1, en tirant 1 unité de force, on obtient 3 unités de force de l’autre côté du système (sur l’embarcation). Avec des poulies, le ratio est plutôt de 2,5 : 1 (à cause de la friction). Seulement avec des mousquetons, on est même à 2 : 1 (encore plus de friction).
Dans '' Testing Theoretical vs Actual Mechanical Advantage for Haul Systems '', Zac à testé différent système pour connaitre l’avantage réel. : https://www.youtube.com/watch?v=55xbCd2VTk0
Avantage mécanique théorique | Entrée (kN) | Sortie (kN) | Avantage mécanique réel |
1 : 1 | 0,82 | 0,84 | 1.02 : 1 |
3 : 1 | 0,75 | 1,88 | 2.51 : 1 |
3 : 1 avec une redirection | 0,84 | 1,88 | 2.23 : 1 |
3 : 1 vecteur | 0,74 | 1,64 | 2.21 : 1 |
5 : 1 | 0,68 | 2,22 | 3.26 : 1 |
9 : 1 | 0,34 | 1,88 | 5.53 : 1 |
Conclusion : plus le système est complexe, moins il est efficace.
Système improvisé
Tonsmiere tug
— Un système ingénieux inventé par deux pagayeurs vétérans qui se sont retrouvés avec un choix : décravater leur bateau ou marcher 160 km. Le modèle original utilisait des vice grip !
— Elle consiste grosso modo à utiliser un aviron comme levier puissant. Plus le levier est long, plus il est efficace.
— Par exemple, avec un aviron de 10 pieds, l’avantage peut-être aussi grand que 25:1.

Passer un nœud
— Si ta corde n’est pas assez longue, tu devras peut-être joindre deux cordes (donc, probablement passez un nœud dans ton système). Avec un peu de créativité, ce n’est pas un problème impossible.


Système à ancre marine
— Une technique ingénieuse créée par un guide de l’Alaska. Il utilise la force de la rivière sur un bateau pour en décoincer un autre.
— Si le courant sur le canot ancré est égal ou supérieur au courant qui retient le bateau coincé, le bateau devrait se décoincer.

Le treuil du pagayeur
— Il s’agit d’un treuil de type cabestan utilisé depuis l’Antiquité. Cette technique crée un avantage mécanique théorique de 30:1.

Nœuds

Il y a des livres complets sur les nœuds, alors gardons ça simple. Voici quelques éléments clés :
Il n’est pas rare que les pagayeurs passent une saison complète sans avoir besoin de faire de nœuds.
Une bonne pratique peut être de pratiquer les nœuds sous l’eau, à l’aveugle. C’est probablement de cette manière que vous devrez faire certains nœuds pour votre ancrage sur votre embarcation.
Ne pas oublier que chaque nœud réduit la résistance à la rupture, alors éviter les nœuds inutiles. Par exemple un nœud en 8 va réduire d’environ 30 % la résistance de la corde. C’est à prendre en compte lorsqu’on calcule la résistance de son système.
Différents nœuds pour différentes situations (direction de tir, facilité à défaire, etc.).
Nœuds
Peut exister indépendamment d'un objet, contrairement à un noeud d'attache (hitch).
Nœud en 8 (simple, double, filé) : La famille des nœuds en 8 peuvent répondre à la plupart des situations et sont les nœuds les plus utilisés en sauvetage en rivière.
Nœud de chaise (bowline)
Papillion (butterfly)
Double pêcheur : Pour faire ses cordelettes de prussik ou joindre 2 cordes ensemble.
Nœud de sangle (nœud de vache, water knots)
Noeud d'attache (hitch, attacher une corde à un objet )
Prusik : Ce nœud s’agrippe lorsqu’il est en tension, et glisse lorsqu’il est relâché.
Cabestan (clove hitch)
Demi-cabestan (munter hitch, italian hitch) : Bon comme capteur de progression ou pour descendre en rappel de manière improvisée.
Nœud tête d’alouette (girth hitch)
Ancrages
Lors de la construction d’un SAM, c’est souvent là que les problèmes commencent…
Faire un ancrage peut être aussi simple qu’attacher une corde autour d’un objet qui ne bougera pas.
Tout ce qui est solide peut servir d’ancrage, typiquement des arbres et des roches.
Idées générales
Choisir l’arbre le plus gros et le plus en santé. Une idée simple concernant les arbres est « Five and Alive » (Cinq et vivants) — 5 pouces de diamètre et vivants.
J’ai déjà vu des pagayeurs trainer avec eux des coinceurs mécaniques (utilisés en escalade) pour pouvoir faire des encrages là où les possibilités d’ancrage sont limitées.
Coincer un nœud dans une crevasse peut aussi être une idée d’ancrage.
Si nécessaire, on peut protéger la corde/sangle avec des vêtements, vestes de sauvetage ou autres matériaux.
Une sangle statique (sangle tubulaire en nylon ou en UHMWPE) est généralement le matériel utilisé : plus résistant à l’abrasion, plus durable, se glisse bien entre 2 roches et ne roule pas sur elle-même (reste en place).
C’est une bonne habitude de doubler un ancrage lorsque possible.
Le CSRQ recommande une sangle tubulaire de 5 m de long et 1” (25 mm) de large, en nylon.
Personnellement moi choix préféré pour les ancrages : Titan anchor slings/rabbit runners 13 mm en Dynema.
Certains principes qui s'appliquent autant à l'ancrage sur la charge qu'à l'ancrage sur la berge
Angle de stress
Un partage de charge entre différents ancrages peut se faire avec une sangle ou une corde. L’angle entre les brins est important, elle devrait se situer entre 45 et 90 degrés. Dès que l’angle entre les brins excède 120 degrés, les ancrages supportent une force plus importante que la charge elle-même.



Ancrage simple versus ancrage multiple
Pour une charge légère, un ancrage simple peut suffire. Par contre, tu mets tous tes œufs dans le même panier ! À utiliser si l’ancrage est 100 % fiable. Pour une charge lourde ou pour des ancrages faibles, il pourrait être nécessaire de faire une répartition de la charge entre plusieurs ancrages pour doubler la protection si l’un des ancrages glisse ou casse.
Ancrage multiple équilibré (multidirectionnel) versus ancrage fixe (unidirectionnel)
Un ancrage multiple peut être fait de manière à être multidirectionnel (équilibré) ou unidirectionnel (fixe). En escalade, l’ancrage multiple fixe est plus commun parce que la charge ne change pas de direction. En rivière, la charge peut être dynamique et peut rapidement changer de direction si une embarcation est décravater et pendule vers la rive, l’option équilibré est donc préférable.



Le X magique
Pour un ancrage multiple équilibré, un truc à se souvenir est le X magique. En bougeant le mousqueton de côté à côté, on peut remarquer que l’ancrage s'ajuste et s'équilibre lui-même (réparti également la charge entre les deux ancrages) et la torsade fait en sorte que l’ancrage est doublé. L’un des ancrages pourrait céder sans qu’on perdre la charge.
Accronyme SERENA Acronyme intéressant pour la création d’ancrage.
S —Solide Ex. Choisir un arbre de 5 “de diamètre minimum. Arbre vivant. Protéger les coins coupant sur une roche, etc.
E —Égale Répartir la charge également sur les différents ancrages.
RE - Redondant Répartir la charge sur au moins 2 ancrages, au cas où un des ancrages brise.
N —No extension faire un nœud plat sur la sangle qui connecte les ancrages pour éviter un choc sur l’ancrage restant si l’un des ancrages cède.
A —Angle respecter la règle du 90 degrés maximum partout ou 2 sangles se connectent.
Accronyme IDEAS Accronyme intéressant pour les principes de base d’un bon système d’ancrage. Acronyme utilisé par le CSRQ.
I — Intégrité : Niveau d’intégrité, peut-il soutenir la charge ? Matériaux, bois, arbres
évaluation de l’arbre, type de sol, sangle, corde, cordelette, ancrage avec
coinceurs, ancrage dans le bas VS plus haut. Ancrage simple vs ancrage double
équilibré
D — Direction : Angle de tir (45 degrés en amont) ? Répartition des
directions VS unidirectionnelle.
É —Équilibré : Est-ce qu’on égalise et répartit les mouvements des charges
A —Angle de stress
S- Sécuritaire : Est-ce sécuritaire ? Doit-on doubler, rediriger, se protéger. Utilisation
des sangles pas d’étranglement, nœuds dégagés de l’ancrage, éviter les points
de tension (torsade), éviter les points de friction.
Personnellement, je ne suis pas un admirateur d'acronyme, car personne ne s'en souvient.
Ancrage sur la berge
Avec une sangle (sangle en nylon ou en UHMWPE)
Simple
Nécessite de connaitre le nœud de sangle
Facile à se souvenir
Permet de faire un ancrage sur un arbre/roche de large diamètre

Panier (basquet)
Plus solide que l’ancrage simple

Panier avec un tour
Permet de garder l’ancrage en place lorsque la charge est intermittente.

Double équilibré
Si tu as un doute, vas-y pour un ancrage multiple.
Répartit la charge également sur 2 ancrages (ancrage multiple).
90 degrés maximum : plus l’angle augmente, plus la charge sur chaque ancrage est importante.
En rivière, on préfère un ancrage équilibré à un ancrage fixe (la charge peu être dynamique).

Tête d’alouette
Simple et rapide.
Idéale avec une sangle déjà nouée.
Évite de glisser sur l’ancrage.
Souvent boudé par les instructeurs, car l'ancrage doit être bien orienté, sans quoi la résistance sera de beaucoup diminuée.

L’ancrage simple ou panier à tendance à glisser lorsque la charge est intermittente.
Ancrage sur la berge sans matériel (seulement la corde/sac à corde)
Nœud sans nœud
Meilleure option pour éviter de réduire la résistance de la corde lorsque la longueur de la corde n’est pas un problème. Plus facile à défaire qu’un 8 filé.
Faire 3-4 tours autour d’un arbre/une roche et attacher le brin mort sur la ligne principale avec un mousqueton/un 8.
Permet à la corde de garder toute sa résistance comparée aux autres ancrages qui nécessite un nœud.
Un gros avantage est de pouvoir relâcher la tension sur un système (même lorsque sous une forte tension) en déroulant simplement la corde tranquillement.
8 filé

Ancrage sur l’embarcation
On priorise d’approcher l’embarcation par l’aval pour éviter le même danger que celui qui a cravaté votre embarcation.
Privilégier un ancrage multiple équillibré, lorsque possible (notre SAM est plus fort que les éléments d’ancrage comme les D-rings et les poignées).
Ancrage multiple avec une sangle (avec ou sans mousquetons).
'' Two Point Self Equalizing Anchors on Rafts '' : https://www.youtube.com/watch?v=BD3nHoEHNFo
'' Three Point Self Equalizing Anchors for Rafting'' : https://www.youtube.com/watch?v=cscUGDJEymc&t=250s

2. Ancrage multiple sans sangle (à deux ou trois ancrages).
''Static Line Two Point Self-Equalizing Anchor'' : https://www.youtube.com/watch?v=EDoYe-gm5HY


Ancrage optimal selon le type d’embarcation
Raft : tube de périmètre, cadre à avirons (oar frame), siège, D-ring (multiple)

Canot : la coque complète, barre transversale, siège


Kayak : la coque complète, poignée de sécurité, le siège

Sauvetage vertical versus sauvetage horizontal
En sauvetage horizontal, le seuil d’acceptabilité est plus grand qu’en sauvetage vertical (escalade, alpinisme). Notamment pour les ancrages.
Le sauvetage vertical est principalement pour sauver des gens, avec un risque pour la vie en jeu.
Le sauvetage horizontal sert principalement à tirer sur de l’équipement plutôt que sur des gens donc les conséquences sont moins importantes.
Combien de poids je vais devoir tirer pour extraire mon bateau ?
On parle toujours de la force de résistance de son système et de ses équipements, mais en réalité, nous avons très peu d’informations à savoir c’est quoi la charge que l’on devra tirer lorsque qu’un bateau (canot, kayak, raft, etc.) sera coincé. C’est la partie de l’équation qu’il nous manque.
Un SAM ça peut autant servir autant pour attacher son vélo dans son garage qu’à attacher un humain à 40 pieds dans les airs lors d’un spectacle de cirque. On se situe où nous là dedans avec les situations que l’on a en rivière ?
Extirper un kayak versus extirper un raft de 16 pieds rempli de matériel d’expédition vont être des situations complètement différentes.
C’est beau d’avoir une corde qui peut tenir 10 000 livres, mais si la situation exige 300 lb, tu vas trainer beaucoup trop d’équipement inutilement et ultimement ça va te nuire plus que t’aider.
Voici une piste :
La source la plus intéressante que j’ai trouvée est ce vidéo de Rafting Magazine (en collaboration avec hownot2.com).
Ils ont cravaté (coincé sur une roche) un raft de 10 pieds et utilisé un dynamomètre (appareil pour mesurer la force de traction sur une corde) pour mesurer la force nécessaire pour décravater (décoincer) le raft avec une mise en situation de plus proche de la réalité possible.
Ils ont utilisé 2 dynamomètres. Le premier pour mesurer la force totale sur le système (au niveau de l’ancrage) et un deuxième dynamomètre pour tester la force appliquée à la sortie du système.
Voici les résultats de leurs tests :
La force sur le système (en kilonewtons) | La force à la sortie du système (en kilonewtons) | Avantage du système | Succès ? |
1.57 KN (352.95 lbs) | 0.44 KN (98.91 lb). Par 1 sauveteur | En tirant sur la corde avec une force de 99 lb, il génère une force de 353 lb, soit 3,56 fois la force initiale, ou 3.56 : 1. | Non. 1 sauveteur avec un SAM 3:1 n’a pas été suffisant pour faire bouger le raft. |
2.46 KN (553 Lb) | 0.78 KN (175.35 lbs). Par deux sauveteurs | En tirant sur la corde avec une force de 175 lb, ils génèrent une force de 553 lb, soit 3,16 : 1. | Oui. À deux sauveteurs, ils ont réussi à appliquer une force suffisante pour déplacer le raft. |
3,26 KN : Force maximum appliqué sur le système par la force de l’eau.
1,7 KN force maximum appliqué par deux sauveteurs pour tirer sur la corde
Ils auraient pu créer plus de force en tirant sur la corde avec plusieurs sauveteurs (en respectant la règle du 12).
Combien de force on peut mettre sur un D-ring (raft) avant qu’il ne casse ?
Dans la même vidéo, ils ont testé un D-ring soudé (plus solide qu’un D-ring collé).
Définition d’un D-Ring : un anneau métallique en forme de « D » utilisé comme point d’ancrage sur un raft.
Ils ont appliqué 4,7 KN de force avant que le D-ring se déchire (traction en cisaillement : pire scénario).
Ils ont appliqué 6,05 KN de force avant que le D-ring se déchire (traction perpendiculaire : optimal). Un D-ring est donc 26 % plus résistant sur une traction perpendiculaire comparativement à une traction en cisaillement.
Conclusion #1 : En théorie, peu importe l’angle de tir, un D-ring est plus solide que la force maximum nécessaire pour sortir un raft cravaté (pour un raft de 10 pieds).
Conclusion #2 : En théorie, avec 3 personnes qui tirent sur un SAM 3:1 il serait possible de créer assez de force pour arracher un D-ring.
Lacune dans l’industrie de l’eau vive
C’est un standard d’industrie dans plusieurs sports (comme l’escalade) de faire tous les tests possibles pour connaître les limites du matériel. Dans notre sport, très peu de tests sont menés et encore moins sont rendus publics (probablement pour ne pas affecter les ventes si les tests sont moins bons qu’un compétiteur).
En escalade (ou autres), les pièces d’équipement ont toutes une classification (mesure de la résistance, capacité de charge). Cela permet aux manufacturiers de se démarquer en disant « hey regarde, j’ai les équipements les plus solides “. En eau vive, il y a clairement un vide à combler.
Lorsque certains essaient de prendre des initiatives (comme les gens de Rafting Magazine) pour faire des tests, plusieurs manufacturiers refusent fournir du matériel pour faire les tests. C’est difficile de faire des tests nous-mêmes parce que ça implique de mettre à l’épreuve nos équipements dispendieux.
La règle du 12
Une théorie intéressante expliquée par Zac dans cette vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=aa3a6W2fehU
C’est une bonne règle générale à se souvenir pour respecter la résistance à la rupture (moyenne) d’un SAM.
La règle : Lorsqu’on multiplie le nombre de personnes qui tirent par l’avantage mécanique, on ne doit pas dépasser 12.
Exemple :
Vecteur (équivalent d’un 3 : 1), le maximum pour tirer est 4 personnes (4 personnes x 3 = 12).
3 : 1, le maximum pour tirer est 4 personnes (4 personnes x 3 = 12).
4 : 1, 3 personnes maximum (4 personnes x 3 = 12).
5 : 1, 2 personnes maximum (2 personnes x 5 = 10).
9 : 1, 1 personne maximum (1 personne x 9 = 9).
Si on dépasse la règle du 12, notre SAM risque de se briser et pourrait éventuellement blesser quelqu’un.
Explication derrière la règle
Force du tireur
Une règle générale est que chaque personne peut tirer environ 0,5 kN à 1 kN ou environ 50 % de son poids corporel (ou +).
Une autre source (Peter Reithmaier, un ingénieur/pagayeur autrichien) a découvert que la force de traction qu’une personne pouvait exercer sur une corde ne dépend pas tant de sa force que de son poids et de la façon dont elle était capable de tenir la corde.
— Tenir la corde dans ses mains : environ 60 % de son poids.
— Passer la corde par-dessus l’épaule ou autour du corps : environ 120 % de son poids.
— Reithmaier suggère de faire une série de boucles directionnelles (8 directionnels) sur la corde pour augmenter la force.
Élément qui va influencer la force que chacun peut tirer : la grosseur de la corde, est-ce que le tireur porte des gants, le poids du tireur, est-ce que le tireur utilise une bonne technique, etc.
Résistance à la rupture moyenne des équipements
Corde : 10 - 29 kn
Mousqueton : 20 - 29 kn
Prusik : 8 - 12 kn
Sangle : 18 - 20 kn
D-Ring : 4 - 6 kN individuellement, mais généralement on va prendre 2 ou 3 d-ring pour faire un ancrage.
Poigné de kayak : ??
Poigné de canot : ??
Donc, disons que 4 personnes tirent en moyenne 1 kN (optimal) chaque sur un système 3 : 1, la force (théorique) maximum sur la charge serait donc de 12 kN.
En théorie, appliquer une force de 12 kN respecte la résistance à la rupture moyenne des équipements composant un SAM.
La méthode de comptage en T (T-count)
Enfin une méthode qui m’a aidé à comprendre comment calculer et expliquer un SAM.
Il s’agit d’une méthode pour analyser et comprendre les forces dans un système de poulies et d’ancrages, souvent utilisés en escalade et en sauvetage.
Essayons la méthode sur un Z-drag pour confirmer que c’est un 3:1

Commençons avec le brin qu’on tire et attribuons-y une traction valant une unité de tension (1T).
Suivons la corde avec notre doigt jusqu’à la première poulie. 1T de force entre dans la poulie et 1T de force sort de la poulie. Comme chaque brin de corde contient 1T, la tension sur la poulie (et le prusik) est de 2T (même principe que les ancrages multiples).
Continuons à suivre la corde qui sort de la poulie avec le doigt vers l’ancrage. 1 T rentre dans la poulie de l’ancrage et 1T sort de la poulie de l’ancrage. Comme pour la première poulie, cette poulie accumule 2T de force (sur l’ancrage), et le brin de corde qui sort de la poulie n’a toujours que 1 T de force.
Continuons à suivre le brin qui sort de la poulie de l’ancrage jusqu’au prussik. Le prussik a accumulé 2T et, lorsqu’il est combiné avec le 1 T de la corde, nous obtenons un total de 3 T. Un système 3:1.
Ligne de retournement (roll over line)
Deux forces agissent sur tout bateau coincé. L’une est la force du courant qui pousse le bateau contre l’obstacle, et l’autre est le poids de l’eau coincé dans le bateau. Comme l’eau est lourde (8,33 livres par gallon/62,4 livres par pied cube ; un kilogramme par litre) et qu’un bateau submergé peut piéger plusieurs centaines de gallons, cela peut représenter un poids considérable. Il est donc logique de vider autant d’eau que possible pendant l’opération.
La technique consiste en l’installation d’une corde supplémentaire qui a une utilité autre que le SAM (bien qu’on peut aussi faire un SAM sur celle-ci). Elle sert à retourner un bateau cravaté pour évacuer l’eau durant l’opération.
Au fur et à mesure de la manœuvre, une poche d’air se forme créant un déséquilibre de force entre le bateau et la rivière, ce qui nous aide ultimement à sortir notre embarcation en travaillant avec la rivière.


Steve Thomas : Une technique ingénieuse vous permet de faire les nœuds au-dessus de l’eau et de les faire pivoter en position s’appelle la technique Steve Thomas. Elle fonctionne avec les canots et les rafts.


Méthode Taco
L’idée est d’utiliser une partie du bateau pour tirer sur l’autre partie, pour évacuer de l’eau durant l’extraction.
Faire un z-drag entre 2 ancrages multiples équillibrés à chaque extrémité du bateau. Le système est ensuite connecté à un SAM depuis la berge.



Diagonale en tension (zip-line)
Maintenant que tu sais comment faire un SAM, tu sais pratiquement comment faire une zip-line !
C’est une technique que l’on utilise pour traverser des gens ou de l’équipement en utilisant le courant de la rivière. La corde doit être tendue parce qu’une corde lousse pourrait faire en sorte que la charge reste coincée au milieu de la rivière. Plus l’angle est prononcé (45 à 60 degrés) par rapport au courant, plus efficace est la zip-line. Éviter un angle de moins de 45 degrés. Une veste de sauvetage avec ceinture à déclenchement rapide est l’idéal pour traverser sur une diagonale en tension, car elle te permet de libérer tes mains (pour transporter une personne blessée par exemple). Sinon on utilise généralement un prusik (on tient le nœud pour une meilleure prise et on évite de passer la main complète pour éviter de rester coincé).
Cette technique est pratiquée dans le cadre d’une formation TR2.


La séquence de tir
Pour une bonne gestion des risques.
Lorsque le système est prêt et qu’il a été double vérifié, le leader initie la séquence :
Préparez-vous à tirer.
Quelqu’un n’est pas prêt à tirer ?
OK, 1-2-3 —tirer !
Pause, on attend. Attendre 5 secondes après le dernier tir avant d’aller ajuster le frein.
Ajuster le frein si nécessaire (toujours dos au système).
Réinitialiser le système si nécessaire : alors que le tirage progresse, le prusik le plus près de l’embarcation va être tiré vers l’ancrage sur la rive. Tu pourrais avoir besoin d’aller replacer (faire glisser) le prussik près de l’embarcation pour une deuxième séquence de tire.
Conclusion perso
Tous les textes du monde ne pourront remplacer une vraie formation pratique, avec des simulations, sur le terrain.
Tu as probablement déjà investi une petite fortune pour tes équipements de pagaie, pourquoi lésiner sur tes équipements de sécurité ?
Nous sommes en 2025, équipe-toi avec des équipements modernes : sangle en UHMWPE, mousqueton à verrouillage automatique ,prusik cousu, poulie avec roulement à billes scellé.
C’est facile de faire un SAM, mais as-tu pris toutes les considérations pour ta sécurité et celle des autres sauveteurs ? Redirection, amortisseur, système de libération rapide, travailler en amont, travailler dos au système lorsque dans la zone chaude, respecter la règle du 12, ancrage multiple, etc.
Gestion du prusik : ça ne fait pas de sens que quelqu’un doive gérer le prusik (frein/capteur de progression), en le faisant glisser loin de la poulie pendant que les autres personnes tirent sur la corde. As-tu pris toutes les mesures pour éviter cette situation ? Choix de la poulie (11 mm max), grosseur de ton prusik et grosseur de ta corde, système de libération rapide, etc.
Sources
Ostis, Nate. NOLS River Rescue Guide. Stackpole Books, 2015.
Peled, Danny. Guide de poche de sauvetage en eau vive. Boreal River Rescue, 2014.
Schaeffer, Sue. Z-Drag and Related Boat Retrieval Techniques. 3rd ed., Wave High, 2002.
Ray, Slim. Swiftwater Rescue Field Guide. Revised ed., Floodfighters Series, 2013.
Canot Kayak Québec, Eau Vive Québec, et Société de Sauvetage. Sauvetage en eau vive – Technicien en opération de sauvetage en rivière (TR II). Canot Kayak Québec, Eau Vive Québec, Société de Sauvetage, fichier PDF.
McGinnis, William. The Guide's Guide Augmented: Reflections on Guiding Professional River Trips. Whitewater Voyages, 2005.
Mehl, Luc. The Packraft Handbook: An Instructional Guide for the Curious. Illustrated by Sarah K. Glaser, Things to Luc at LLC, 2021.
Polsby, Abigail, et Julie Munger. River Rescue and Safety Field Guide. Sierra Rescue International, 2017.
Bechdel, Les, et Slim Ray. River Rescue: A Manual for Whitewater Safety. 4th ed., CFS Press, 2009.
Bennett, Jeff. The Essential Whitewater Kayaker: A Complete Course. Ragged Mountain Press, 1999.
Ferrero, Franco. White Water Safety and Rescue. 2nd ed., Pesda Press, 2012.
Alex
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